2014 — Année internationale de l’agriculture familiale

Normand Gagnon, Autour de l’ile, l’île d’Orléans, mai 2014

2014 a été proclamée Année internationale de l’agriculture familiale par l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est dans ce cadre que de nombreux forums se sont tenus partout dans le monde, dont le dernier, intitulé Dialogue sur l’agriculture familiale en Amérique du Nord, s’est déroulé à Québec les 7 et 8 avril dernier.

Cette mobilisation internationale s’explique par les nouveaux défis auxquels le monde doit et devra répondre : nourrir neuf milliards de personnes en 2050, améliorer l’accès à une nourriture de qualité et réduire le gaspillage, lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, gérer durablement et efficacement les ressources naturelles tout en répondant à des objectifs environnementaux comme la lutte aux changements climatiques et à la dégradation des sols cultivés.

 

De l’importance de l’agriculture familiale

 

L’expression désigne une ferme possédée, gérée et dirigée principalement par un(e) agriculteur(trice) avec les membres de sa famille. Dans le monde, plus de 500 millions d’exploitations agricoles relèvent de ce modèle prédominant qui est également celui générant le plus d’emplois et produisant 70 % des denrées alimentaires. En Amérique du Nord, selon les pays, elle représente entre 81 et 97 % des fermes. Cet état de fait place l’agriculture familiale au cœur même de toute stratégie visant la sécurité alimentaire régionale, nationale et mondiale.

De plus, l’intégration de la famille avec l’unité de production, la relation étroite entre le capital productif et le patrimoine familial et l’intérêt de ses membres à assurer la pérennité et la bonne conservation de l’exploitation lui assurent une stabilité lui permettant de jouer un rôle de premier plan dans la dynamisation économique, sociale, mais aussi culturelle des espaces ruraux. «En effet, l’agriculture familiale est intégrée à l’économie locale et contribue à maintenir des populations en milieu rural. L’agriculture familiale, de par l’attention portée à la transmission entre les générations, est garante d’un savoir-faire humain et permet ainsi de répondre aux habitudes et à la culture alimentaire locale». Enfin, comme le dit Zacharie Mechali, expert agronome à l’Agence française du développement, ce modèle agricole «ancré dans sa communauté et son environnement […] est susceptible de générer des niveaux de productivité par actif ou par hectare que l’agriculture industrielle ne peut égaler.»

 

Les conditions de développement du modèle

 

Comme le soulignait l’UPA DI iii dans son communiqué émis au terme du forum de Québec, malgré la diversité des formes que prend l’agriculture familiale dans le monde, le dialogue a mis en lumière certaines conditions devant permettre le développement du modèle : « favoriser l’établissement de nouvelles générations en agriculture ; garantir l’accès à du financement et à la terre ; assurer un revenu décent par des règles commerciales plus équitables ; rendre disponibles la formation, le savoir et la technologie ; prendre en compte les multiples fonctions de l’agriculture familiale bénéficiant à l’ensemble de la société.»

 

Une volonté politique de créer ces conditions

 

Ces considérations élogieuses envers les fermes familiales ne doivent pas faire oublier les énormes difficultés qu’elles rencontrent actuellement, en particulier les nombreux obstacles à surmonter pour assurer la relève dont, notamment, la valeur élevée des fermes disponibles et des quotas de production sous gestion de l’offre ; il en est de même des difficultés qu’éprouvent les jeunes agriculteurs pour exploiter une petite ferme ou y intégrer d’autres activités professionnelles pour s’assurer d’un complément de revenu.

Y a-t-il aujourd’hui une véritable volonté politique de régler ces problèmes? On pourrait en douter considérant le tablettage du rapport Pronovost ? très per perfectible, avouons-le ? et les nombreux reports d’une politique agricole annoncée (au Québec). Cette inaction à l’interne ne s’accompagne pas pour autant d’absence de décisions politiques ; au contraire, le Canada conclut des accords de libre-échange, avec l’Europe récemment, qui risquent justement de rendre encore plus difficile la survie de petites entreprises, fromagères par exemple.
 

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